CR a établit des sentiments complexes vis-à-vis de son père. A la fois de la haine et de l’admiration. Tout comme Franz Kafka dans le « procès », le mélange d'admiration et de haine qu'il éprouve pour son père a fait naître en lui un inexplicable sentiment de culpabilité. Kafka est conscient de l'incompatibilité de leur caractère et de leurs intérêts. CR comprend lui, que le renie est définitif. Kafka n’est pas arrivé à se libérer de l'emprise paternelle et n'a pas cessé de solliciter une approbation impossible à obtenir. CR se retrouve dans la même situation. Il recherche un moyen d’approbation, car cette démarche débute pour lui. Des dires même de Kafka, l‘écriture était devenue plus qu’un cri de désespoir, une prière.
CR obtient le permis et une voiture, cela le rapproche théoriquement de son père, mais l‘éloigne encore plus. Néanmoins le voilà doté d’un moyen, de ne plus être passif. Qu’est-ce qui pourrait répondre à la fois, à une haine et à une admiration ?
Comment rentrer en contact avec son père, qui refuse tout contact : les médias, la télévision. La grandeur et la démesure de la folie. Michel Foucault évoque, dans la conclusion de l'Histoire de la folie, l'œuvre d'Antonin Artaud, poète, qui se joue avec et contre la folie, « comme démesure négative absolue : destruction de soi, de son identité personnelle. » Nous y reviendrons.
Il élabore un plan. Tout est ici calculé dans le moindre détail, contrairement à ce que l’on peut penser. Jusqu’au délit de fuite. Il crée une œuvre très engagée et revendicative envers son père. Il lui envoie un message limpide.
Mise en scène des personnages : Il est Christian, le christ… Sa mère est la Vierge Marie, mère attentionnée, Son père Dieu : un être exceptionnel (admiration), mais à la fois inexistant (absence), la dualité. D’ailleurs, de là-haut sur son nuage, Dieu sera spectateur, mais jamais acteur. Même, lors du procès, il sera égal à lui-même. Comment pourra-t-il en être autrement.
Il choisi la pentecôte, fête du St-Esprit qui est la représentation Chrétienne de l’amour du Père et du fils. Il est défini comme distinct du Père et du Fils (Jésus-Christ), mais consubstantiel à eux, c'est-à-dire partageant la même essence.
Il choisi le lieu, qui ne laisse place à aucun hasard, je pense, mais seule trois personnes ont dû comprendre (Mme mathon, CR et jean R). Je pense que l’enfant est choisi délibérément, comme message subliminal supplémentaire : elle s’appelle Marie Dolorès et représente donc, « les Douleurs de Marie » (traduction directe) de sa mère, et les douleurs propres à Christian, puisqu’il s’agit d’une enfant. L’on sait que Mr Ranucci a essayé de poignarder sa femme en 1958, et qu’il l’a battait. Défigurer MD à coups de pierre avait donc un sens. MD, c’est « l’objet » par lequel il va transmettre à son père ses doléances, plus que cela encore. La violence vis-à-vis de sa mère, l’accident (tu n’aurais pas dû naitre), l’abandon (délit de fuite). Il va lui montrer, quelle sentence, il mérite. Il veut le punir, le juger ; Il veut juger son père et le condamner. On revient là, à l‘autodestruction de l‘enfant, qui veut par sa mutilation, atteindre ses parents.
Le patchwork d’objets insolites (ne l’est pas tant que cela à mon avis) dans sa voiture est à destination de ses parents, toujours un message subliminal. Quelle rationalité peut-il y avoir dans un scoubidou de 1m ? Des médicaments de l’armée, qu’il a quittée… D’ailleurs, étant à l’armée, il ne possédait pas de véhicule encore ( ?). Donc que font-ils là ?
On parle de coïncidence dans toute cette histoire, je crois que la seule coïncidence existante dans cette affaire (par rapport à cette théorie), est l’histoire du chien noir. Encore que, après réflexion, nous savons tous que l’animal est le meilleur moyen d’attendrir… du moins, le plus instinctif.
Où alors il est ‘homme au POR, peut-être s’est-il entraîné avant… sas aucune intention de kidnapper. Marie Dolorès de par son prénom, il faut que ce soit elle, il ne doit donc pas rater son coup.
De plus, i sera sur les lieux, la veille, pour peaufiner les détails ( ?). parce qu’il est pressé de réaliser son œuvre. Il doit déjà être sur place. Donc, il s’occupe comme il peut le 2 juin. Le lendemain, il kidnappe MD, l’emmène sur le lieu du crime, il la tue. Non, il ne se contente pas de la tuer de quelques coups de couteaux. Il faut la massacrer, pour être certain que l’affaire fasse la une des médias. L’étape suivante, c’est l’accident, mais dans son histoire c’est un anachronisme, et c’est très difficile à mettre en place, donc un subterfuge lui permettra de tout remettre en ordre, le colis.
Voici la chronologie :
Accident (naissance), maltraitance (assassinat), abandon (délit de fuite), planque à la champignonnière (le renie permanent)…
Il provoque délibérément l’accident, feint un délit de fuite, mais se gare juste après, bien en évidence, non loin du corps. II attend « Mr Martinez », ou autre, et traverse alors le fossé avec un grand colis, pour faire naitre le doute.
Comment faire éclater l’histoire, il lui faut transmettre la suspicion. Suite à l’accident, il doute ; Le couple Aubert fera-t-il le rapprochement, avec le kidnapping ?
Il lui faut d’autres témoins, il va rester à la champignonnière, jusqu’à temps qu’il se fasse remarquer. Il fait tout pour paraître suspect, là, il va mettre le paquet : avec des phrases mystiques « il me paiera çà et tout le reste », en prétextant au pic-nic seul, qu’il a changé un pneu dans la boue, alors qu’il est vêtu d’un costume immaculé, de tout faire pour s’innocenter, alors qu’il n’est accusé de rien.
Voilà la trame est en place. II peut rentrer tranquillement chez lui, avec l’impression du devoir accompli. Il ne reste plus au Médias, qu’à créer l’étincelle et annoncer le kidnapping de MD.