Citation :
Je crois qu'il faut au moins vous reconnaître le mérite de rassembler un peu tout ça, JPasc, et d'aller dans de nouvelles directions pour quelques points de détails. C'est bien aussi d'être ouvert aux critiques afin d'améliorer la thèse, contrairement à certaines personnes qui sentent que ci et ça, ça ne correspond pas à la personnalité de leur ami intime Christian Ranucci, et que l'accusation est toute pourrite, et de toute façon Ranucci est innocent et la France à une justice de merde, les représentants de la loi sont des ordures, Outreau est une généralité, et Valéry Giscard d'Estaing est un salaud, point final.
Ce que je regrette, c'est que votre thèse soit surchargée par des réflexions sur les points importants. D'abord, ça rend la lecture moins fluide. De plus, la plupart des erreurs se trouvent là. C'est mieux de proposer directement le récit complet des évènements, je crois, avec une ou deux explications ici ou là pour dire pourquoi untel voit ou ne voit pas untel, mais pas trop.
C'est bien de ne pas suivre tous les délires de Ranucci. Il faut s'en tenir aux premières déclarations. En reprenant la perte de connaissance pour quelques minutes seulement, vous n'abusez pas trop, et ça peut expliquer après pourquoi Ranucci croit être resté sans connaissances plus longtemps : en fait, il a oublié une partie des faits avec le temps. Mais bon, il faut alors expliquer pourquoi il a oublié la perte de connaissance dans ses premières déclarations, et retenu l'entrée dans le chemin, c'est-à-dire l'inverse de ce qu'il retiendra par la suite : pas simple.
Un des points décisifs, c'est le coup d'oeil que Aubert aurait jeté dans la voiture. Je crois qu'il n'est pas démontré. En effet, Aubert a tellement les chocottes qu'il ne s'arrête pas au début, quand il voit l'homme. Il va faire demi-tour "une cinquantaine de mètres" plus loin (probablement au moment des cris et du meurtre), puis en revenant sur les lieux, enfin il s'arrête "à la hauteur de la 304 Peugeot" et interpelle l'homme qu'il ne voit plus. Il dit en fait qu'il sort de sa voiture, entend du bruit, interpelle l'homme, prend le numéro de la voiture (debout devant ou derrière la voiture, apparemment), puis remonte dans sa voiture.
Sa femme, elle, dit qu'il s'arrête "devant le véhicule", relève le numéro et crie par la portière. Mais après réflexion, elle pense que son mari est "descendu du véhicule, très peu de temps", pour interpeller l'individu. Notons que cette réflexion d'avant signature peut lui avoir été suggérée par le commissaire Alessandra, qui vient d'entendre son mari, car il voit que ça ne colle pas. Enfin, ça fait quand même louche.
Tout ce que peuvent dire les Aubert après m'importe peu. Comme pour Spinelli qui tout d'un coup devient sûr d'avoir vu Marie-Dolorès, alors qu'au début c'est "une fillette" qu'il a vue. Les témoins qui accordent leur récit avec ce qu'ils ont lu dans les journaux ne m'intéressent plus.
Pour moi, on ne peut pas dire avec certitude que monsieur Aubert a regardé dans la voiture. Il dit seulement avoir noté le numéro d'immatriculation. Si c'était debout, face à la voiture, c'est assez dur de ne pas voir au moins en partie Ranucci endormi. Si c'est derrière, c'est déjà plus difficile. En fait, si on retient ce que dit madame Aubert, il a d'abord noté le numéro, toujours assis dans sa voiture, ce qui est plus pratique que debout, et a ensuite interpelé l'homme, par la portière, ou un pied dehors, ou complètement sorti. Mais d'après moi, ses jambes tremblaient trop pour le porter jusqu'à la voiture de Ranucci.
Le point qui rendrait votre thèse nulle et non avenue n'est donc pas si définitif que cela.
Evitons les duels de thèses, s'il vous plait. Je crois que nous souhaiterions tous connaître la vérité, même si ça fiche par terre nos théories.
Voilà une réponse argumentée. Vous l'avez compris, je ne prétends absolument pas connaitre la vérité. Il y a surement des zones d'ombres, peut-être même des aberrations.
Quant à CR, effectivement, on peut s'étonner de sa mémoire sélective.
Comment expliquer cela ? qu'est ce qui peut se passer dans la tête d'un jeune homme que l'on accuse de meurtre ? au début de l'interogatoire, il tient tête aux policiers...Alessandra le dit lui-même...L'interrogatoire ne doit pas être encore trop orienté...Mais ensuite, quel impact, quel choc psychologique cela peut il déclencher ? je n'en sais rien...
Mais perdre pied, face à des gens qui vous pressent et vous rabachent les mêmes questions pendant des heures et des heures, n'est pas totalement impossible....Il existe bien des techniques de persuasions, mais je ne suis pas expert..
Pour les Aubert, je ne sais que penser de leur témoignage...J'ai quand même envisagé qu'ils avaient pu voir un type escalader un talus avec un enfant, mais à quelle distance ? comme vous le dites, Marc, ont ils pu voir à l'intérieur du véhicule de CR ?
Ce témoignage est asez incertain...
Ce qui nous rend à tous la tâche compliquée, c'est qu'il y a 2 versions radicalement opposées, celle de Gilles Perrault et celle de Gérard Bouladou.
Bon, pour l'instant, je suis plutôt enclin à croire celle de Gilles Perrault...J'ose espérer qu'il n'a pas menti mais je n'en suis pas certain à 100%...Il a pu commettre des erreurs, mais de là à modifier des témoignages pour accréditer une thèse de l'innocence, ça me parait fou.
S'ils n'ont relevé que le n° d'immatriculation, ça fragilise bcp l'acusation.
Pour Spinelli, c'(est la même chose, on peut se demander ce qu'il a vu exactement. Est ce qu'il se serait fait son petit film pour qu'on parle de lui ? En tout cas, une chose est sure à son sujet, il n'a jamais varié dans son témoignage. Il n'a pas été le seul, lui qui est garagiste, à voir une Simca1100 grise dans le coin. C'est pour le moins une coïncidence troublante. La description physique qu'il fait de ce type qui fait monter une petite fille dans une voiture est un peu sommaire, mais elle ne correspond pas bcp au physique de CR.