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web rider : Il reste donc que les éléments ci étaient manifestement insuffisants pour renvoyer ranucci devant la chambre d'accusation....
Présence sur les lieux + témoignage des Aubert (même si moi je pense la reconnaissance de Ranucci difficile à affirmer) + aveux (si, si! difficile pour le juge de ne pas en tenir compte!) + indication de l'endroit où est le couteau + pantalon taché de sang (sans que les connaissances scientifiques de l'époque permettent de montrer que c'set le sang de l'enfant, c'est vrai)...
Si avec çà le juge n'avait pas envoyé devant la chambre d'accusation, il y aurait un vrai problème!
Ah ben vu comme ca, c'est sur...
Le problème est bien qu'on a présenté dans le dossier des éléments comme matériellement certains et qu'ils ne l'étaient pas.L'instruction, en fait, est un scénario, une accumulation d'éléments non vérifiés qu'on a présenté comme des preuves.
Je remets la page du livre de M.Laville sur la prise en charge du dossier par le juge Michel, parce que c'est un document important et qui fait réfléchir. Si vous l'aviez en mémoire, pardonnez moi, mais je comprendrais mal que ca ne vous interroge pas.
Citation :
Alain Laville, "le juge Michel", p. 87 :
"Ilda Di Marino, premier juge d'instruction, souffre d'une dépression nerveuse. Au moment de clore le dossier Rambla-Ranucci, elle quitte le cabinet d'instruction n°4 qui a tant retenti de cris et de colères pour devenir juge au siège. Le métier de juge d'instruction est un métier qui use et met les nerfs à vif. A Marseille plus qu'ailleurs.
Pierre Michel, à peine nommé juge, doit boucler le dossier, vérifier s'il est complet, puis le communiquer au parquet le 21 février 1975 pour qu'il soit transmis à la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Mais Pierre Michel ne veut pas devenir l'intérimaire, le remplaçant qui transmet comme une mécanique. Il étudie chaque chemise, chaque sous-chemise du dossier haut de presque un mètre, l'emporte chez lui, l'étale comme une vague sur la table de l'entrée-salle à manger.
Christian Ranucci, 22 ans, nie désormais ce dont il est accusé le jour de son arrestation avec force détails. Le meurtre de Marie Dolorès Rambla, 8 ans, criblée de quinze coups de couteau, le lundi de Pentecôte 1974, dans les bois de Peypin.
- Mais je ne peux pas transmettre un dossier pareil, s'écrie Pierre Michel. Il y a trop de points dans l'ombre. Des témoignages sont flous. Il manque des enquêtes...
Il s'en ouvre à la hiérarchie. Que n'a-t-il pas dit là ? A MArseille, quand un dossier est clos, il est clos. C'est comme,s'il était déjà jugé. Mais le juge Michel, déjà suspect par son zèle, insiste.
- Je suis sûr que Ranucci est coupable. C'est lui qui a indiqué où se trouvait le couteau, mais il faut que tous les points soient éclaircis. On n'a pas le droit de bâcler une telle affaire.
Le président du tribunal, le procureur et ses hommes de main parlent d'une même voix.
- Terminez vite ce dossier, tel qu'il est. Vous n'allez pas vous mettre à fouiller les points de détail. A Aix, ils l'attendent.
Pierre Michel vient de débuter comme juge. La hiérarchie le tient encore et lui a même conseillé s'il veut "faire carrière" de s'inscrire à son syndicat favori : l'USM qui prêche la modération. Certes, on n'a pas le droit de dessaisir le juge Michel du dossier Rambla-Ranucci, mais il n'est pas encore de taille à lutter contre la justice à l'étouffée, spécialité de la cuisine marseillaise. Il se rend, les armes à la main.
- Ce n'est pas un dossier que je vous donne, mais un brouillon d'instruction.
C'est tout juste si, par punition, il ne retourne pas en enfer, au sous-sol, dans le cabinet lumière, s'occuper de vols à la roulotte ou de querelles de voisinage. Alors il signe l'acte de renvoi et c'est lui le dernier magistrat du Palais à recevoir Christian Ranucci dans le cabinet orphelin d'Ilda di Marino pour la récapitulation finale du dossier. Ranucci en chemisette, jeans et tennis, a l'air de sortir d'un campus. Il bafouille, bredouille, s'indigne devant le juge Michel et avant de s'en aller, il lui tend la main par dessus le bureau.
- Merci Monsieur le juge. Vous êtes chic, vous.
- J'ai eu l'impression d'avoir un enfant devant moi, dira Pierre Michel, et puis, je n'imaginais pas, même en étant persuadé de sa culpabilité, que ça irait aussi loin."