Citation :
cette lettre, même si elle a écrite deux jours auparavant, en espérant toujours la grâce naturellement, elle l'a cependant rédigée pour être remise à son fils pour le cas où il soit exécuté, lettre à lui remettre dans ses derniers instants de vie
donc elle l'a rédigée en se mettant déjà qqs heures avant dans les conditions des derniers instants avant l'exécution, dans la situation de son fils sur le point de mourir et lisant les derniers mots de sa mère
c'est ce qui est davantage encore dramatique et tragique ; c'est qu'elle a dû se mettre dans les conditions de la mort de son fils, en conservant encore l'espoir de la grâce. elle a dû "présumer" de sa mort
elle a vécu la mort de son fils 38 heures avant cet instant - c'est inimaginable une telle douleur, une telle souffrance.
seule une mère aimante peut supporter une telle mise en condition, avoir le courage de vivre avant l'heure la mort de son fils (de sa chair) pour avoir encore la force d'écrire les derniers mots d'amour d'une mère à son enfant.
Didi,
Je crois qu'Héloïse Mathon avait perdu tout espoir quand elle a rédigé cette missive. Après la fausse annonce de grâce, et alors que nulle bonne nouvelle n'arrivait, elle a compris. Etant une mère, elle a senti ça au plus profond d'elle-même. D'où les verbes à l'imparfait et au passé composé. Pour elle, son fils ne fait déjà plus partie du monde des vivants. Maintenant, ça n'enlève rien à la douleur qui a été la sienne. C'est en effet terrible d'écrire à quelqu'un en sachant qu'il n'a plus que quelques dizaines d'heures à vivre.
@ Adelayde,
Effectivement, la prose de Mme Mathon apparaît maladroite, décousue et suscitant un certain malaise puisque parlant déjà de son fils au passé. Mais comme je l'ai dit plus haut, elle ne devait plus se faire beaucoup d'illusions sur son sort.
Quant à savoir pourquoi elle promettait à son fils de vivre "proprement", j'avoue que je n'ai pas vraiment d'explications. Héloïse Mathon n'a jamais mené une mauvaise vie, elle n'avait donc aucune raison de faire cette dernière promesse à son fils. L'esprit perturbé de la pauvre femme a certainement été à l'origine de ce curieux adverbe.
"Tous les voeux sont exaucés" fait certainement référence à une future réhabilitation, car au moment où elle écrit sa lettre, Héloïse Mathon n'attend plus une hypothétique grâce présidentielle. Elle sait bien que pour son fils, tout est fini. Cela n'en rend son dernier mot que plus déchirant.