6- Pourquoi selon vous dans les journaux de l'époque est-il fait mention d'une non reconnaissance par les Aubert de Ranucci ?
Les erreurs des journalistes ont été nombreuses dans cette affaire et vouloir faire l’enquête en se servant de la presse ne permet pas d’être rigoureux. Gilles Perrault l’a fait. Dans un article de Nice Matin, il prend un élément qui alimente sa thèse : la non reconnaissance de Ranucci par les Aubert. Et quelques lignes après, dans cet article, il se garde bien de prendre ce que dit le journaliste : Jean a reconnu une Ford Capri dans la cour de l’Evêché. Ca ne va pas dans son sens. Il est flagrant ici que son enquête n’est pas
objective. Cette polémique sur la reconnaissance ou la non reconnaissance de Ranucci par les époux Aubert est complètement stérile. Après une poursuite de 700 et quelques mètres, alors que Ranucci conduisait au moment de l’accident, qui voulez vous qui sorte de sa voiture s’il n’y avait plus personne dedans immédiatement après ? Car Monsieur Aubert a signalé aux gendarmes qu’après avoir fait demi-tour, il avait regardé dans la voiture, alors qu’il était contre la voiture, et qu’il n’y avait plus personne
dedans. Et Ranucci, qui a raconté tout d’abord qu’il s’était rendu directement après l’accident, à la barrière barrant le chemin qui mène à la champignonnière, ne trouve plus que l’invention farfelue d’un évanouissement au bord de la route.Pour vous donner une idée de ce que l’on peut lire dans les journaux, voici un article publié par Michel Polac dans le Charly Hebdo N° 746 du mercredi 4 octobre 2006 :« Je n’avais pas lu le « pull-over rouge » de Gilles
Perrault, dont M. DRACH a tiré un film plaidant l’innocence de Christian Ranucci (vingt deux ans), le dernier guillotiné de France, que Giscard refusa de gracier malgré l’avis du Conseil de la Magistrature. Dans l’Ombre de Christian Ranucci (Fayard) Perrault avoue maintenant qu’il doute de son innocence, mais accable le flic et le gendarme qui ont chacun publié leur version des faits. En effet l’enquête a totalement négligé la piste de l’homme au pull-over et à la voiture rouges que des témoins ont vu tenter d’enlever un enfant. (…) Reste que Giscard a fait trancher une tête une ultime fois pour complaire à une certaine opinion publique. »Cherchez les erreurs ! Six en quelques lignes, il faut le faire.
7- L'intérieur de la Peugeot 304 portait-il les traces du passage de Ranucci dans la champignonnière (boue, terre), ou bien était-il propre (et donc nettoyé éventuellement à son retour à Nice)?
Je n’ai pas eu en main un quelconque rapport de police décrivant l’état de la voiture lorsqu’elle a été ramenée à l’Evêché. Il est donc difficile de répondre. Les journalistes qui l’ont examinée avant que les policiers la saisissent n’en font pas état mais l’un d’eux, P-F Léonetti écrit que Madame Mathon leur avait ouvert le coffre et les portières et ne parle à aucun moment de la saleté qu’il pouvait y’avoir par terre. D’autre part, Ranucci a pu nettoyer ce qui était important, les portières, les vitres, pour effacer toute trace du passage de la fillette et laisser le sol avec des traces de boue.
8- Quel(s) sentiment(s) éprouvez vous face à la prestation de M. VIALA à Aix ?
M. Viala a été outré par l’attitude de Ranucci comme toutes les personnes qui ont assisté au procès, y compris ses avocats. Par contre je désapprouve qu’il ait demandé la mort. Ranucci avait des circonstances atténuantes et on aurait dû en tenir compte. Même sans circonstance atténuante, je n’aurais pas demandé la
mort. Il dit dans une interview qu’avant de requérir, il savait qu’il allait demander la mort. Si Ranucci, qui je le répète, est coupable, avait demandé pardon et avait expliqué que c’est l’affolement de l’accident qui l’avait rendu fou, M. Viala n’aurait pas demandé la mort. Je rappelle ce qu’il a écrit au garde des Sceaux : « Ranucci ne pouvait, à mon sens, obtenir quelque indulgence, qu’à la condition de le confesser publiquement et de s’en repentir sincèrement. Je pense, c’est une opinion toute personnelle, que s’il l’avait fait, il aurait échappé à la peine capitale en raison du fait que le mobile du meurtre n’est pas apparu avec évidence. Il aurait donc pu, comme il l’a fait au cours de l’instruction en avouant son crime, soutenir avec quelque chance de se faire entendre, qu’il ne l’avait commis que sous l’effet d’un violent affolement. Mais, malgré les objurgations de la partie civile et celles du ministère public, il a adopté à l’audience une attitude qui lui interdisait d’exprimer le moindre repentir. Une telle attitude pourrait cependant lui être pardonnée s’il avait donné l’impression qu’il s’y tenait par peur ou par honte. Or, il a au contraire donné l’impression de participer avec sang-froid à un débat académique dont il espérait sortir vainqueur. Pour aller au bout de ma réflexion, je me suis demandé s’il devait porter la responsabilité de cette attitude dont son sort dépendait, autrement dit, s’il avait été mal conseillé. Je ne le pense pas. D’ailleurs, un de ses avocats, au moins, Maître Fraticelli, estimant qu’il ne pouvait utilement soutenir l’innocence alléguée de son client, a renoncé à plaider. Je conclus donc à l’opportunité de ramener à exécution la peine capitale. »