Entretien: Jean-François Le Forsonney
Dernière mise à jour: 29 septembre 2004

 

 
 

Les suites



- Quelle influence a eu cette affaire sur vous et votre carrière?

Considérable. Je ne m'en aperçois qu'aujourd'hui. Elle m'a appris le métier dans les moindres détails. Je ne dis pas que j'ai retenu toutes les leçons mais si je n'en retenais qu'une seule, ce serait que l'avocat est absolument indispensable à l'oeuvre de justice. Indispensable. Et sa responsabilité est considérable.
D'un point de vue plus technique, on peut dire que l'instruction est fondamentale. Dans notre système, vous ne rattrapez pas à l'audience les lacunes de l'instruction. Et vous ne devez pas laisser une instruction être lacunaire. Si je défendais Christian Ranucci aujourd'hui, j'irais jusqu'à l'incident avec Mlle Di Marino et s'il fallait passer trois heures sur la présence de la voiture à tel endroit et pas à tel autre, je le ferais.

- Estimez-vous que c'est l'erreur la plus importante commise par Paul Lombard et vous-même?

D'avoir laissé l'instruction se faire de manière désinvolte? Oui, bien sûr.

Puis ce procès s'est déroulé en deux jours, ce qui est absurde. Il devait durer une semaine; on aurait dû passer des heures sur des problèmes de détails.
Reconnaissons aussi que bien des choses ont changé depuis. N'oubliez pas, par exemple, que l'avocat n'avait pas le droit de s'adresser directement aux témoins. Il devait passer par le président. Un témoin, il faut l'interroger face à face. A l'époque, c'était interdit, même devant le juge d'instruction.
D'autre part, il n'y avait pas de cour d'appel en assises. Cela changeait considérablement les choses. Il n'est d'ailleurs pas exclu que nous ayions été un peu tétanisés par l'absence d'appel. Nous n'avions pas le droit à l'erreur. Et puis, enfin, il y avait la peine de mort...

- Certains, dont André Obrecht, ont tenté de remettre en doute la dernière supplique de Christian Ranucci: "Réhabilitez-moi." Pouvez-vous m'en confirmer la véracité?

Oui, bien sûr. Il l'a dite à Paul Lombard. Vous savez, ça n'a pris que quelques secondes, et je ne pense pas qu'Obrecht ait été le témoin de cette scène. Mais je vous confirme que Christian l'a bien prononcée.

 

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