Citation :
En 1974, la médecine légale n'en est plus en France à ses balbutiements, loin s'en faut, et cette absence, si elle n'est pas motivée, est surprenante. Je peux vous assurer que la rédaction du rapport d'un médecin légiste, dans ce genre de situation, doit suivre un certain nombre de règles techniques et déontologiques strictes et nous sommes loin de la copie d'un lycéen ou d'un étudiant qui tenterait de masquer impasses et lacunes.
Nous avons déjà discuté de ce point, quand quelqu'un avait affirmé que le médecin légiste "devait" déterminer l'heure. Antoroma (dont l'absence se fait sentir dans le domaine de la contradiction) avait mis au défi cette personne de prouver que c'était un devoir légal pour lui.
Oui, personne ne s'étonne de l'absence de l'heure approximative du décès à la lecture du rapport. Mais, si Ranucci est coupable, il n'y a guère à s'en étonner, car dans ce cas, il a sûrement tout avoué seul et dessiné le plan sans assistance. Dans ces conditions, on ne se pose pas vraiment la question de l'heure de la mort de l'enfant du côté des policiers et du juge d'instruction.
Et qui aurait pu s'en étonner sur le moment, à part mademoiselle Di Marino ? Je ne crois pas que le rapport du docteur Vuillet soit passé de main en main comme aujourd'hui.
Peut-être que Gilles Perrault arrivera à vous convaincre sur ce point :
"Le domaine judiciaire restait étranger à Drach. Il n'était pas un homme de dossier. C'est une grande incitation à la modestie, pour nous autres professionnels de la chose, qu'un amateur ait trouvé dans un dossier que nous avions étudié jusqu'à l'exténuation ce qu'aucun d'entre nous n'y avait aperçu : le rapport des médecins légistes ne livre aucune indication sur le jour et la mort de Marie-Dolorès."
S'il a fallu des années pour découvrir cette carence, pourquoi mademoiselle Di Marino aurait dû obligatoirement la repérer au premier coup d'oeil ? Même les avocats de Ranucci, qui avaient le plus intérêt à se renseigner sur ce point, n'ont rien remarqué.