Je ne suis pas arrivé en disant : il est innocent. Ou plutôt si, lorsque je ne connaissais pas ce dossier et que j'ai écouté Mme Mathon en 1977 à la télévision venir expliquer qu'on avait tué son fils alors qu'il était innocent.
Cette femme était tellement douce et si pénétrée des choses qu'on ne pouvait pas ne pas la croire.
Ma démarche cependant n'est plus celle-ci, j'ai bien entendu douté de l'innocence de Ranucci, et Perrault laissait planer le doute quoi qu'en disent certains. Ma démarche colle au principe constitutionnel de base tout simplement. C'est à l'accusation de faire la preuve de ce qu'elle avance, c'est sur l'accusation que repose la charge de la preuve. C'est une notion élémentaire de droit.
La démarche que je suis est celle-ci : j'examine un ensemble, des constatations, des témoignages, je cherche une logique parmi les faits.
Les preuves dont se targue l'accusation reposent sur des aveux. Sur un témoignage, sur deux preuves matérielles : pantalon, couteau, et sur des présomptions, notamment la présomption principale que l'accusé se trouvait sur les lieux au moment du crime à peu de choses près.
Quand on est sérieux, on vérifie que l'accusation tient solidement, surtout si on a décidé d'éliminer physiquement le prétendu coupable. On ne condamne pas à mort sur des doutes. Ou bien je n'ai rien compris à la Déclaration des Droits de l'Homme.
Or que constate-t-on ?
Que la personnalité de Ranucci ne cadre pas avec celle du meurtrier pour un tas de raisons que j'ai développé des dizaines de fois. on devrait trouver un psychopathe du type de Heaulme (la rage de tuer) ou d'un autre du même acabit. Là on a affaire à quelqu'un qui aime sa mère mais qui n'est pas du tout dans un processus de fusion avec elle.
Que c'est quelqu'un qui ne correspond pas avec la personnalité que les psy lui ont collé en faisant l'inverse de ce qu'il convient : plier la personnalité de Ranucci pour qu'elle corresponde au crime, qu'il a des ami (e) s, qu'il est ouvert, attentionné, calme, gentil, réservé. On ne formule que des éloges. Le contraire d'une personnalité renfermée, blessée, telle qu'on la trouve dans ce genre de crime;
Que tout a été bâti sur des aveux qui s'avèrent ne jamais être étayés.
Que ce qu'on dit de la gamine ne peut pas correspondre à ce qu'elle a subi, je m'explique : on ne peut pas imaginer autre chose que le fait qu'elle été terrorisée tout au long du chemin, parce que c'est un enlèvement, et qu'un enlèvement, ce n'est pas une partie de promenade comme les aveux tendent à nous le faire croire.
Je ne reviens pas sur l'enlèvement : aucun, strictement aucun élément matériel pour le corroborer : personne ne le reconnaît, personne ne reconnaît sa voiture. On parle d'une simca grise 1100.
Le plan qu'on lui fait dessiner ne correspond pas aux circonstances de l'enlèvement : le meurtrier a visiblement choisi cet endroit pour pouvoir s'enfuir sur la rocade du Jarret et empêcher ainsi à la gamine de descendre. Et le trajet a été choisi aussi pour cette qualité : elle ne pouvait pas descendre. Or le plan ne mentionne nullement la rocade. Et on prétend que Ranucci part au hasard se promener alors que les constatations montrent tout le contraire : trajet droit, avec un objectif.
Le ravisseur utilise la tactique du chien noir. Dans les aveux, cela devient "une bête", ce qui à proprement parler ne veut rien dire.
En fait les aveux ne correspondent jamais aux constatations, ni aux témoignages. C'est embêtant, parce que l'enquête se résume à cela.
Il faudrait parler des deux seules preuves matérielles :
- le pantalon, mais le PV de saisie est un faux
- le couteau, mais un PV récapitulatif indique qu'il est déjà dans les bureaux de la sûreté avant même qu'on ait entrepris de le chercher.
Alors c'est pas de chance, on a deux preuves matérielles, elles sont toutes les deux entâchées de suspicions.
Il reste quoi ? Le témoignage Aubert, mais il change tout le temps, il n'est pas réaliste, il ne correspond à rien, sauf celui de la gendarmerie, qui lui, est cohérent mais mentionne le contraire de ce que prétend l'accusation : les Aubert ne pouvaient pas reconnaître Ranucci.
Ben déjà, ce que l'on peut dire, c'est que l'accusation n'a rien démontré. Et si elle n'a rien démontré, Ranucci est présumé innocent. On peut toujours modifier la constitution et revenir à l'ancien régime et aux lettres de cachet.
Et je considère que je ne peux pas être mis dans la même situation que ceux qui veulent nous démontrer que cette affaire ne pose aucun problème. Parce que pour nous démontrer que l'affaire ne pose aucun problème, on est obligé de faire des contorsions :
M. Spinelli est miraud, le petit Jean Rambla est miraud lui aussi, il a mal vu, la simca et la peugeot coupé se confondent - ce qui est faux parce que le dimentionnement n'est de toute façon pas le même. Pour raccorder le témoignage Aubert on est obligé de supposer que Ranucci ne les a pas vus alors qu'ils étaient à deux mètres de lui prétendument.
J'en passe et des meilleures. Autrement dit, l'accusation veut faire rentrer l'édredon dans la valise et à chaque fois, ça coince. On n'a jamais pu fermer la valise, sauf en rognant, en éliminant les éléments gênants : ce qui n'est pas honnête intellectuellement pour le coup.
Alors de l'autre côté, ben en réfléchissant, on se dit que il y a des éléments qui conduisent à d'autres pistes. D'autres pistes qui n'ont pas été explorées et d'autres scénarios que vous jugez fantaisistes -mais ce n'est qu'un jugement parce que je n'ai jamais vu une réfutation matérielle de valeur - et qu'il y a un certain nombre de témoignages, d'indices et et de constatations qui laissent à penser qu'un autre homme s'est trouvé sur les lieux au même moment et qu'il a effectivement pu se cacher et opérer.
C'est un résumé, mais qui montre bien que je ne suis pas un croisé, que je ne pars pas la fleur au fusil avec des a priori comme vous le prétendez je trouve injustement, en laissant croire que je suis dans la même situation que vous. Ce qui n'est pas vrai. Le pull over rouge, je l'ai lu de nombreuses fois, cette affaire, je l'ai retourné dans un certain nombre de sens, et effectivement, il y a des choses dont je suis à peu près sûr, parce qu'à force, les mêmes logiques reviennent, qui sont les logiques de ce dossier.
Donc pour résumer, non, l'accusation dans cette affaire n'est pas à la même place que les témoins, parce que nous ne sommes que des témoins, qui viennent constater que cette affaire, contrairement à ce que la justice veut nous faire croire, est tout sauf réglée.
Et qu'il ne s'agit pas simplement d'opposer un bord avec l'autre, comme si les deux étaient équivalents.
Et il est vrai que je n'aimerais pas aujourd'hui être à la place de Mme Di Marino, ou bien à la place de Jules Porte, ou même à la place du commissaire Alessandra. C'est comme ça. _________________ L'adn du sang se trouvant sur le pantalon bleu doit être analysé et comparé avec celui de Mme Mathon, c'est notre exigence pour connaître la vérité.
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