Citation :
Mais justement, il n'a pas dit qu'il n'en savait rien, il a dit qu'il était à lui mais qu'il valait peut-être mieux dire qu'il n'était pas à lui (ou alors, il faut admettre que Jean-François Le Forsonney ment et charge volontairement son client, ce qui serait le monde à l'envers, admettez-le).
Et c'est cela qui me gêne dans votre argumentation. Je veux bien admettre que les choses auraient pu se passer comme vous le dites dans un premier temps, mais ensuite, une fois qu'il a eu repris ses esprits, qu'il a compris qu'il s'était fait piéger, qu'en réalité il n'y avait aucune charge formelle contre lui, qu'il n'aurait jamais dû avouer ni signer ses aveux, etc., comment expliquez-vous qu'il ait continué à dire que le couteau était à lui ? Il avait 2 ans pour se dédire, au moins auprès de ses avocats, et il ne l'a pas fait, même dans ce dernier entretien avec Le Forsonney, juste avant le procès, puisque même là, il ne dit pas que ce couteau n'est pas le sien.
Je redonne l'interview qui il y a sur le site de JF Le Forsonney :
"Son attitude me paraissait sincère. Quand je lui ai dit, avant l'audience des assises, "on va avoir un problème avec votre couteau, s'il est bien à vous", il m'a regardé avec le même air de convivialité que vous en me disant: "oui, c'est vrai, vous avez raison, je vais dire qu'il n'est pas à moi". Je lui ai alors dit: "attendez, ce n'est pas ce que je vous dis, mais cela ne vous gêne pas?". Et il m'a répondu: "oui, mais je n'en sais rien... Mais vous avez raison, il vaut mieux dire qu'il n'est pas à moi."
Dans son bouquin cela devient cela :
"Vous êtes innocent, c'est entendu. Mais ce couteau vous appartient... Il m'a écouté très sérieusement, a réfléchi un instant. Vous avez raison, m'a-t-il répondu, peut-être vaut-il mieux dire qu'il n'est pas à moi. Mais bon, c'est vrai qu'il est à moi... J'en étais pour mes frais."
Peut-être un jour se mettra-t-il d'accord avec lui-même et parviendra-t-il à nous donner la version précise et complète qui fait qu'on ne s'y perd pas.
Je vous le dis, ce passage du livre, comme celui sur le pantalon est pour moi tout simplement une peau de banane que la cour de cassation glisse sous nos pieds car effectivement j'y vois moi, je suis désolé d'être aussi direct, la main de la cour de cassation : ok vous sortez un bouquin, mais alors : pas de révision. Donc les deux pièces truquées, on savonne la planche. C'est de bonne guerre, nous n'avons pas affaire à des enfants de coeur. M. Canivet ne sort pas de l'école maternelle.
Je vais vous poser le problème autrement : si le couteau était véritablement à lui, il aurait dit à Maître Le Forsonney, je vais dire que ce n'est pas le mien, mais en fait c'est le mien, je l'ai acheté à Wittlich, ou bien, je l'ai acheté il y a un mois à Nice.
Non, là nous avons une belle affirmation : le couteau serait à lui. Ah bon ? Mais il vient d'où ? Pas de réponse. La seule que l'on possède c'est celle, grotesque des psychiatres : je l'ai depuis un an. Ah bon ? Et acheté où et pourquoi ?
Rien.
Alors mon raisonnement reste tout à fait valable, quand Le Forsonney vient le voir, il a encore dans la tête ce que lui a dit la juge : ce couteau ne peut être qu'à vous, puisque c'est vous qui avez indiqué l'endroit.
Et donc il dit à l'avocat : ce couteau est à moi, sous-entendu, le juge, lors d'une audition à laquelle vous vous êtes abstenu de venir, m'a démontré qu'il était à moi.
Mais vous avez raison, c'est embêtant et comme je ne me souviens pas de ce couteau, je vais dire qu'il n'est pas à moi.
Vous nous dites, il avait deux ans pour se dédire, mais déjà il faudrait qu'on eût éclaici cette histoire de couteau, personne ne l'a fait. Et il aurait fallu qu'il puisse comprendre qu'on avait truqué la découverte du couteau, et cela, il ne le sait pas. Il croit lui qu'on a bel et bien trouvé le couteau d'après les aveux. Or c'est le contraire qui s'est passé, on a écrit les aveux en fonction du fait qu'on avait retrouvé le couteau la veille.
Le même problème se pose pour le pantalon. Parait-il, il portait le pantalon bleu au moment de l'accident. Mais quand se serait-il changé ? Mystère. Quand la poche se serait-elle déchirée ? Mystère.